La pionnière des films sur mobile
HISTOIRE MÉCONNUE DU PREMIER FILM TOURNÉ AVEC UN TÉLÉPHONE
Par Youri Gone
L’évolution technologique du cinéma a vu plusieurs révolutions, mais peu d'innovations ont été aussi disruptives que l’apparition des caméras numériques professionnelles et de leur « petit frère » : le téléphone portable, au tournant des années 1990 et 2000. L’histoire des débuts du cinéma numérique est faite de coups de bluff et de chance, portés autant par des artistes que par des mercenaires qui, en osant et/ou expérimentant, ont radicalement changé l’histoire du cinéma. Cependant, force est de constater que dans ce chaos des premières années, certains pionniers du genre ont été étrangement oubliés par l’histoire, comme le tout premier film réalisé avec un téléphone portable : Heartbroken in London, un film français conçu par la réalisatrice Sophie Reverdi.
L'émergence du numérique
L’arrivée des premières caméras numériques professionnelles à la fin des années 1990 marque un tournant décisif pour le cinéma. À Paris en 1995, sous l'impulsion des réalisateurs danois Lars von Trier et Thomas Vinterberg, le mouvement Dogme95 apparaît et secoue le milieu. Si les films issus de ce mouvement sont avant tout des films indépendants, leur succès et leur retentissement sur la scène internationale interpellent. Un film comme Festen (1998), nommé un peu partout pour de nombreuses distinctions prestigieuses (dont les Césars), permet à tous de réaliser qu’une révolution numérique est en marche et surtout inévitable.
À l’époque, tout le monde fait un parallèle un peu hâtif avec le cinéma de la Nouvelle Vague française, mais le public voit surtout une possibilité de raconter des histoires plus simplement que jamais, et commence à regarder différemment l’arrivée des appareils photo présents dans les téléphones.
Entièrement tourné en vidéo numérique, Vidocq (2001) de Pitof est le premier long-métrage tourné entièrement en numérique et pensé comme un gros film de studio. Ce film, avec Gérard Depardieu, André Dussollier et Guillaume Canet en tête d’affiche, ouvre une ère nouvelle. En 2002, Star Wars : L'Attaque des clones de George Lucas montre que le numérique peut rivaliser avec la pellicule 35 mm, inaugurant une transition progressive dans l’industrie. Au même moment, la technologie embarquée dans les téléphones portables progresse rapidement, et seulement trois ans avant l’arrivée du premier iPhone, le téléphone portable s’engouffre à son tour dans la révolution numérique avec Heartbroken in London, sorti en 2004.
Heartbroken in London, l’oublié de l’histoire
Avec l'apparition des téléphones portables dotés de caméras, une nouvelle opportunité s'ouvre aux créateurs. La barrière de l’équipement onéreux disparaît, et le portable devient le "stylo" du cinéma pour une génération décomplexée par l’arrivée du numérique. Désormais, chacun peut raconter des histoires, capturer l’intimité du quotidien avec des moyens réduits. C’est dans ce contexte que Sophie Reverdi réalise Heartbroken in London en 2004, un film avant-gardiste tourné avec un téléphone Nokia. Cette œuvre intimiste, qui explore la douleur d’une rupture, marque une étape majeure en démontrant que même les outils les plus modestes peuvent servir à exprimer des récits profondément personnels.
À l’époque, le film fait le tour des festivals, dont Cannes, où il est salué par la critique. Notamment, Libération écrit à son sujet : « Ce film invente une narration autour de la communication nomade [...] un étrange ballet autour de la visiophonie [...] qui reflète les nouveaux modes d’échange. » Pourtant, malgré cet accueil favorable, le film a été en grande partie oublié.
Le film effacé de l’histoire
Aujourd'hui, si vous recherchez sur Google quel est le premier film tourné avec un téléphone portable, vous tomberez souvent sur Nuovi Comizi D'Amore (2006), un film italien. Pourtant, Heartbroken in London, tourné deux ans plus tôt, mérite ce titre pionnier. Sélectionné au Festival de Cannes et encensé par la critique, le film de Sophie Reverdi représente un exemple marquant d’un cinéma innovant et, osons le dire, féminin, trop souvent ignoré. Ce destin rappelle celui de nombreuses figures de femmes cinéastes, comme Alice Guy et Alma Reville, qui ont vu leurs contributions pionnières reléguées dans l’ombre de l’histoire du cinéma.
Heartbroken in London, bien que méconnu, incarne (consciemment ou non) cette lutte pour la reconnaissance d’un cinéma féminin, qui, bien que trop souvent invisibilisé aux yeux de l’industrie, continue d’inventer et de réinventer le langage cinématographique.
YOURI GONE CAPSUL POP 2024, JOURNALISTE CHEZ HITEK
23 Sept. 2024
Sophie Reverdi et la naissance des films sur téléphone portable : Un tournant historique.
Sophie Reverdi est souvent reconnue comme une véritable pionnière dans le domaine des films réalisés sur téléphone portable. En 2004, elle marque un tournant radical avec la réalisation de Heartbroken in London, un film qui attire non seulement l’attention de l’industrie cinématographique et des médias (Libération), mais qui joue également un rôle fondamental dans l’émergence d’une nouvelle forme de cinéma, une nouvelle manière de communiquer. C’était une époque où les smartphones et les films sur téléphone portable en étaient encore à leurs balbutiements.
Le film gagne rapidement en notoriété, étant sélectionné au prestigieux Festival de Cannes, ainsi qu’au Forum des Images à Paris, où une soirée thématique lui est consacrée, avec une projection sur grand écran. Il est également sélectionné au Festival de Bari en Italie. Cette reconnaissance internationale met en lumière la capacité des films sur téléphone à rivaliser avec le cinéma traditionnel, tant en termes de narration que de créativité.
L’impact de Heartbroken in London se fait particulièrement sentir auprès de la Génération Z et des influenceurs.
Le succès du film ne se limite pas à son époque, en 2004. Il anticipe aussi un phénomène plus large : l’explosion des contenus produits par cette génération Z, qui, née avec un téléphone portable à la main, jouit d’une liberté de création totale.
L’authenticité et la spontanéité du film trouvent un écho particulier chez les jeunes et les créateurs de cette nouvelle génération hyperconnectée. Cette démocratisation des moyens de production a permis à des voix souvent marginalisées d’émerger et de raconter leurs histoires, sans les contraintes du cinéma traditionnel. Elle a ouvert une immense liberté d’expression accessible à tous, partout. Sophie Reverdi a ainsi joué un rôle crucial dans cette révolution, offrant la possibilité à chacun de s’exprimer librement.
Cette génération, née entre la fin des années 1990 et le début des années 2010, est la première à grandir avec les réseaux sociaux et à disposer de la possibilité de consommer ou de créer du contenu de manière instantanée. En proposant une nouvelle manière de réaliser des films, à la fois plus accessible et innovante, Sophie Reverdi a anticipé la montée en puissance des contenus créés par des amateurs et des influenceurs sur des plateformes telles que YouTube, TikTok ou Instagram. Ces jeunes créateurs, souvent équipés uniquement de leurs smartphones, ont trouvé en son œuvre une source d’inspiration, percevant dans cette nouvelle technologie une opportunité de raconter des histoires et de s’exprimer visuellement avec des moyens réduits.
Sophie Reverdi a ainsi inspiré une nouvelle génération de réalisateurs et d’influenceurs, qui ont vu dans ce médium un moyen d’expression immédiat et accessible. Elle a non seulement ouvert la voie à une nouvelle forme de cinéma, mais a également jeté les bases de la révolution numérique qui allait transformer le paysage audiovisuel mondial. Son film a montré qu’un simple téléphone portable pouvait capturer des histoires, toucher un public immense et générer des millions de vues.
L’évolution des films sur portable
Au début des années 2000, la technologie mobile connaît un essor considérable avec l’arrivée des téléphones équipés de caméras. Cette avancée technologique transforme progressivement la conception même de la production cinématographique. Jusque-là, réaliser un film nécessitait des moyens financiers conséquents et un matériel coûteux. Cependant, l’introduction des smartphones dotés de caméras intégrées change la donne, en ouvrant la possibilité de créer des films à faible coût, accessibles à tous.
C’est dans ce contexte que Sophie Reverdi se distingue avec Heartbroken in London (2004). À l’époque, peu de réalisateurs prenaient au sérieux la possibilité de tourner un film avec un téléphone portable, et rares étaient ceux qui y avaient même songé. Mais Sophie Reverdi voit dans cette technologie naissante un moyen révolutionnaire de raconter des histoires d’une manière intime et spontanée, capturant des moments de vérité du quotidien.
Heartbroken in London
Tourné avec un Nokia de première génération, le film raconte l’histoire intime d’une femme abandonnée par son mari. Après cette rupture, elle quitte Paris pour quelques jours et part à Londres pour changer d’air. Mais elle passe trois jours à pleurer dans un hôtel sordide, en proie au désespoir. Avant de partir, elle avait acheté un Nokia pour pouvoir parler à ses enfants, mais elle ne connaît rien de ce téléphone. Après avoir épuisé ses larmes, elle découvre par hasard la caméra intégrée à l’appareil.
C’est à ce moment-là que le film prend une tournure nouvelle et inattendue : la femme commence à se filmer elle-même, capturant son introspection, se redécouvrant visuellement, amorçant ainsi son processus de guérison. Ce geste, à la fois simple et révolutionnaire, symbolise une transition entre la passivité et la reprise de contrôle sur sa vie. Le film se termine sur une note optimiste, où l’héroïne, après avoir pris conscience de nombreuses choses sur elle-même en regardant les vidéos d’elle-même — et non plus à travers le prisme de l’homme qui l’a quittée — se voit enfin telle qu’elle est vraiment. À ce moment-là, le ciel s’éclaircit et l’amour réapparaît.
Ce récit, tourné avec un simple téléphone, incarne la capacité de la technologie à devenir un puissant outil d’expression personnelle et de transformation. En documentant cette vulnérabilité, Sophie Reverdi montre, avant tout le monde, qu’un téléphone portable n’est plus seulement un outil de communication, mais qu’il peut aussi devenir un moyen narratif puissant.
Ce que dit Annick Rivoire de Libération :
« Triturer. Dans cette sélection ultraconvenue, un seul film invente une narration autour de la communication nomade. Heartbroken in London, de Sophie Reverdi, est un étrange ballet autour de la visiophonie, prenant prétexte d'une séparation pour triturer ses images saturées et refléter les nouveaux modes d'échange. Bref, la seule bonne nouvelle, c'est qu'un nouveau canal de diffusion s'ouvre aux réalisateurs. »
Les courts métrages se cherchent un mobile
Orange dévoile demain le palmarès de son concours de films pour téléphone portable dernière génération.
Par Annick RIVOIRE
Jeudi 12 mai 2005 (Liberation - 06 :00)
Vous débutez la lecture d'un genre embryonnaire, le critique cinéma riquiqui. Au moins autant que le film pour mobile. Elle nécessite, eu égard aux conditions de visionnage, une mise en garde (voire un budget ophtalmo) : l'écran mobile, fût-il dernière génération (la 3G, le haut débit mobile jusqu'à 2 mégaoctets par seconde) taille 3,5 x 2 cm (5 x 8 cm sur les PDA).
Orange, l'opérateur de France Télécom, dévoile demain à Cannes son palmarès du premier « concours de films courts pour téléphones mobiles ». S'appliquant à copier les grands, avec président de jury du milieu (Régis Wargnier) et prix de 8 000 euros au premier des cinq lauréats (sur vingt-cinq films). Jusqu'à la délibération, mardi à Paris, le jury n'avait vu les films qu'en DVD...
Au-delà de la qualité des films (un tiers de vraies daubes, un tiers d'honnêtes réalisations, un tiers de chouettes courts) est ainsi mise en scène la « validation de l'hypothèse stratégique d’Orange », explique son directeur de la marque, Jean-Noël Tronc. « L’audiovisuel sur mobile est un secteur émergent dont le genre est le court métrage. » L'opérateur se voit déjà comme « le quatrième écran, après la salle de cinéma, la télévision et le Net ». Sans doute l'usager prend-il plaisir à consulter la météo, un flash ou un clip, il est plus douteux qu'il passe des heures à regarder (et à payer) un sablier d'attente ou des messages d'erreur.
Flou pas artistique. Non seulement un film sur deux est coupé à la lecture, mais la qualité de l'image rappelle les premiers films sur l'Internet (pixellisation, interruptions...). On veut bien tabler sur une amélioration technique. Le contenu même d'une grosse moitié des films ne passe pas la rampe d'un visionnage sur mobile.
Lancé au festival du court de Clermont-Ferrand en février, le concours a suscité 600 contributions, dont une minorité créée pour le mobile. Orange s'en félicite, nous moins : mouvements rapides de caméra qui transforment l'image en flou pas artistique ; plans larges et sous-titres qui la rendent illisible ; ambiances nocturnes qui ne passent pas plus que les images trop composites ou le son de mauvaise qualité... Ajoutez les messages abstrus (« erreur aucune zone de couverture UMTS », « aucune réception », « délai de connexion dépassé. Réessayer ») et tout cinéphile qui se respecte fuira ladite fenêtre.
Qu'est-ce qui marche alors ? Les scénarios les plus simples, type gag ou effet de surprise, la narration coup de poing et le filmage façon clip. Surtout les animations, tel l'excellent The Microwave, virtuose et drolatique qui mixe références aux mastodontes des effets spéciaux, d'ET à Jurassic Park, en les incrustant dans une course-poursuite enlevée à l'échelle d'une piaule d'étudiant.
Triturer. Dans cette sélection ultraconvenue, un seul film invente une narration autour de la communication nomade. Heartbroken in London, de Sophie Reverdi, est un étrange ballet autour de la visiophonie, prenant prétexte d'une séparation pour triturer ses images saturées et refléter les nouveaux modes d'échange. Bref, la seule bonne nouvelle, c'est qu'un nouveau canal de diffusion s'ouvre aux réalisateurs.
Pocket film festival à Paris, au Forum des Images et au Festival Imaginaria de Barri en Italie
Notizie
Primo festival europeo dedicato ai film prodotti con cellulari
Il Festival Pocket Films di Parigi e' il primo festival cinematografico dedicato a film prodotti con telefoni cellulari. Si aprira' il 7 ottobre 2005 e si concludera' il 9 ottobre. Sono in concorso cortometraggi da 30 secondi a 90 minuti, ed i premi sono in denaro ed in telefoni cellulari (che altro...). Sponsor della manifestazione sono Nokia e SFR, operatore francese per la telefonia mobile.
Tra i film in concorso, « Cycle de nuit » di Christophe Rollo, « Heartbroken in London « di Sophie Reverdi, « Tourner autour » di Mercedes Pacho.
Nel corso del festival, i film verranno proiettati su normali schermi cinematografici e su cellulari installati nella sede del festival (Forum des Halles presso Porte Saint-Eustache). Speriamo che la visione sul grande schermo non demoralizzi i cultori del cinema 3G...
Autore : Redazione
Data : 06/10/2005
Stampa questa pagina | Clicca qui per ulteriori notizie
Discussioni su quest'argomento nel forum
Email de Luigi Iovane
Festival’s art director
"Dear Sophie,
I’m glad to communicate you that your short film HEARTBROKEN IN LONDON ‘s been officialy selected for Imaginaria’s festival. At the end of the second week of july you’ll find on festival’s website the complete programme. If you get the intention to come to Conversano (Bari), please, send me an e-mail.
All the best,
Luigi Iovane"